Comment l’Ostéopathie est entrée dans sa vie
“The founder of osteopathy, Dr. Andrew Taylor Still, was certainly an extraordinary individual, having started the first osteopathic college at the age of 64, after which he wrote four books.”
Jean Guy a toujours eu du plaisir à raconter à toute personne qui voulait l’entendre, comment l’ostéopathie est entrée dans sa vie. Comme tous les propos sur lesquels on lui posait des questions, l’ostéopathie est sans doute le sujet qu’il a raconté avec le plus de passions et de convictions. D’après lui c’était « La Médecine. »
Étant lui-même médecin, il a commencé sa carrière en tant qu’urgentologue à l’hôpital du Sacré-Cœur de Cartierville de 1972 à 1979. Il lui arrivait de recevoir des cas très graves semblables à ce qu’on peut voir aujourd’hui à la télévision dans les émissions comme « Dr. House, » « Le bon docteur » ou dans la série québécoise « Au secours de Béatrice. » Jean Guy a particulièrement aimé ce rythme de vie à sauver des vies durant ses années de pratique à l’urgence.
Il lui arrivait également de voir des patients qui souffraient de problèmes moins apparents comme des problèmes musculosquelettiques. « Vous savez docteur, depuis que j’ai mal au dos, je ne dors plus, je digère mal, j’ai des palpitations… je suis dépressif et j’ai même des idées suicidaires. Pouvez-vous m’aider? »
Après ses années intenses à l’urgence, pour le bon et jeune docteur Sicotte, retourner un patient à la maison avec comme traitement des médicaments anti-douleurs et du repos, après qu’il soit venu consulter pour un simple mal de dos, était totalement inacceptable! Surtout lorsque ce même patient revient quelques semaines plus tard consulter pour un rhume, et mentionne que son mal de dos est complètement guéri en allant voir un « ramancheur » de campagne! Ouff…. Dure à prendre ça!
Fervent lecteur de tous les livres de médecine, de médecine alternative, de médecine holistique, chinoise et ésotérique, Jean Guy a également lu tous les livres d’Edgar Cayce.
Edgar Cayce est né au Kentucky, États-Unis en 1877, il est décédé le 3 janvier 1945 à Virginia Beach, États-Unis, est un mystique américain doté de pouvoirs psychiques. Lors de « lectures » (readings), faites en transe par hypnose, il a répondu à des questions relatives à des individus. Ces lectures concernant, au début, la santé physique, les conseils se sont diversifiés et ont porté par la suite sur l’interprétation des rêves, les phénomènes psychiques, la santé mentale, la méditation, la prière, le développement spirituel, le commerce, sur les vies antérieures et l’Atlantide. Pour ceux d’entre-vous qui ne connaissez pas Edgar Cayce, je vous suggère fortement de vous procurer le livre de poche des Éditions J’AI LU, écrit par l’auteur Joseph Millard, intitulé « L’homme du mystère. Edgar Cayce. » Vraiment à lire.
Dans plusieurs de ses lectures (readings) sous hypnose, Edgar Cayce suggérait des traitements et ajustements ostéopathiques aux patients qui venaient le consulter.
Voici quelques exemples de « readings » portant sur l’ostéopathie, tirées du site internet www.edgarcayce.org :
« There is no form of physical chemotherapy so near in accord with nature’s measures as correctly given osteopathic adjustments. » (Reading 1158-31) Also, « … and nature is better even than the osteopath – though the osteopath is the closest to the natural means. » (1497-4) « Seek out, then, an instrument of the curative forces known as the osteopath, that is capable – through the proper manipulations, using the structural portions of the body as leverage – of stimulating the secretions through the various activities of glands and centers and ganglia along the system to bring about a coordination of the activities of the physical forces within the system itself. » (531-2)
Reading 304-2 further explains this difference: « Osteopathic treatment is needed, not chiropractic. If we had wanted this we would have given it. The body does not need adjustment, what it needs is relaxation of the muscular forces …. Chiropractic treatment is adjustment, not relaxation of the muscular forces. »
Ce qui amena Jean Guy à explorer d’autres façons de soigner le corps avec les mains, sans médicaments, avec l’ostéopathie.
1re partie
C’est donc en janvier 1979, un groupe de Québécois comprenant trois médecins, un physiothérapeute et un étudiant en psychologie, se retrouvaient pour un congrès de médecine holistique à Phoenix, Arizona. Déjà sensibilisé à l’approche de la thérapie manuelle, il fut enchanté de faire la rencontre d’un ostéopathe américain, le Dr William Wyatt. Ce dernier initia le groupe aux principes de l’ostéopathie en les conviant à quelques rencontres privées pendant lesquelles il leur fit la démonstration de quelques techniques ostéopathiques.
Jean Guy a même été surpris durant ce même voyage de voir le Dr Wyatt traitant des gens sur le bord de la piscine en costume de bains. À ce moment, Jean Guy s’est dit à lui-même « c’est ce que je veux faire, être un vrai ostéopathe comme lui! »
Dr Wyatt a référé par la suite à deux de ses confrères qui pratiquaient l’ostéopathie à Montréal, le « Zellers Osteopathic Center » où s’étaient relayés plusieurs ostéopathes américains depuis plus de 25 ans.
Dr Wyatt avait également lancé l’invitation à lui rendre visite pour un stage à l’Hôpital ostéopathique du Maine, à Portland, où il était chef du département de médecine ostéopathique. Entre-temps, Jean Guy avait contacté Dr David Patriquin D.O. et Dr Finlay D.O. qui pratiquaient à Montréal. Ces derniers l’invitent à entreprendre à leur clinique une formation de 10 mois en techniques ostéopathiques. Ces deux ostéopathes ont quitté la clinique pour répondre à l’invitation d’une faculté de médecine ostéopathique à Athens, Ohio en tant que chef de département de recherche clinique et d’enseignement.
Jean Guy a appris que les ostéopathes pratiquant au Québec à l’époque qui étaient tous originaires des États-Unis avaient reçu le titre de M.D. sur la recommandation faite au président, le Dr Gustave Gingras de la Corporation Professionnelle des Médecins du Québec. Cette commission avait fait enquête sur la pratique de l’ostéopathie au Québec vers les années 70 ou 71. Il y avait alors neuf ostéopathes au Québec. Elle concluait que la formation américaine des ostéopathes leur donnait la compétence d’un médecin sans se soucier de la spécificité thérapeutique propre à l’ostéopathie.
Le « Zellers Osteopathic Center » est associé à la Fondation Zellers formée en 1960, laquelle avait pour objectif d’encourager des Canadiens à entreprendre des études de médecine ostéopathique aux U.S.A. pour ensuite venir pratiquer au Canada. Il semble que peu de Canadiens aient répondu à cet appel. Deux jeunes ostéopathes américains y sont venus successivement pratiquer environ un an entre 1984 et 1987. Il n’y a plus d’information disponible sur ce sujet.
2e partie
En mars 1981, un groupe composé surtout de médecins dont Jean Guy Sicotte, et quelques physiothérapeutes, invite Monsieur Philippe Druelle D.O. à venir donner un séminaire d’introduction de trois jours à l’ostéopathie. Le groupe comprend 14 personnes. Dès le mois de mai 1981, un nouveau séminaire de trois jours est organisé pour un groupe de 28 personnes. Quelques membres du groupe discutent dès lors de la possibilité d’un cours d’ostéopathie offert à des thérapeutes d’expérience, présentant des prérequis nécessaires.
Le premier cours a lieu en septembre de la même année pour 45 praticiens.
Petite parenthèse : Philippe mentionne qu’il se souvient de l’accueil chaleureux de Jean Guy lors de sa venue au Québec avec son large sourire, ses éternelles sandales et ses bas blancs… sa chemise à manche courte et sa poignée de main franche qui remettait en place une mèche de cheveux rebelle. En allant au marché Jean Talon, Jean Guy, le pied sur le pare-chocs de son camion GMC Jimmy, demande à Philippe « pourquoi tu ne ferais pas une école ici au Québec. »
Philippe Druelle leur fit part du fait que l’ostéopathie n’était pas un ensemble de techniques uniquement, mais nécessitait une formation complète pour exercer cet art thérapeutique, qu’il habitait à Paris, que c’était loin, que ça prenait beaucoup d’effectifs pour fonder une école. Et après avoir énuméré tous ces détails, Jean Guy répond à Philippe avec le bel accent du Québec « y’a-rien-là! » Il fonda le premier collège d’ostéopathie au Québec et au Canada en 1981. Dès la 1re année, les cours étaient préparés par M. Druelle avec quelques collègues, répartis en cinq sessions par année. Le cours complet élaboré selon le modèle des collèges européens devait s’échelonner sur une période de trois ans. L’évolution clé l’enseignement de l’ostéopathie en Europe et ici au Québec les a rapidement convaincus que deux années devraient être ajoutées devant la densité et la spécificité de la matière.
Chaque session était soigneusement préparée par M. Druelle qui rédigea des polycopiés d’environ 500 pages chacune, nécessaires à l’étude de la matière enseignée entre chacune des sessions. Jean Guy prenait les polycopiés à l’arrivée de Philippe à l’aéroport, dès sa sortie de l’avion et les amenait à l’imprimeur de l’hôpital Sacrée-Cœur dans le but d’être prêt pour le premier cours. La première promotion issue du collège gradua donc après cinq années d’études, en juin 1986 devant un jury international de professeurs venus de France, É.-U. et Belgique.
Les cours offerts à des médecins, physiothérapeutes et quelques autres praticiens de la santé rencontrant les prérequis en anatomie, physiologie et physiopathologie se poursuivent à la fréquence de cinq sessions par année, pour une durée de cinq ans. Les étudiants doivent assister à quatre journées cliniques en plus des séminaires spécialisés supplémentaires.
Les étudiants ont tenté en vain d’obtenir un appui de la part de leur corporation respective. Les uns les perçoivent comme des compétiteurs. Ils organisent déjà depuis plusieurs années au sein de leur profession des cours post-gradués dispensant des techniques de mobilisations vertébrales et périphériques ainsi que des techniques de manipulation. Ces cours sont dispensés par des physiothérapeutes qualifiés, à des physiothérapeutes ayant un B.Sc. en physiothérapie. Les autres, représentés par la Corporation Professionnelle des Médecins du Québec, reconnaissent bien l’ostéopathie «à l’américaine,» terminologie employée dans le document d’information publié par la C.P.M.Q. en septembre 1989. Il s’agit du «Rapport du Groupe de Travail sur les Médecines dites douces.» Pour ce qui est de l’ostéopathie «à l’européenne,» dans le même document la position de la C.P.M.Q. se résume comme suit, dans le texte :
« Le comité est d’avis que le concept de « lésion ostéopathique » ne repose sur aucune évidence ni expérimentation, qu’il tient d’un discours qui n’a strictement aucune assise anatomique, physiologique ou physiopathologique connue et établie en médecine. Il s’agit d’une hypothèse qui n’a pas été démontrée selon les règles de la médecine scientifique.» (2)
Et toujours dans le même rapport, il est écrit que ces groupes (pratiquant l’ostéopathie « à l’Européenne )»:
«( …) en plus d’avoir à l’égard des problèmes musculosquelettiques une approche un peu identique à celle des ostéopathes américains, soutiennent que les maladies organiques et les problèmes vertébraux ont, entre eux, des relations de cause à effet, même s’il n’existe aucune base physiopathologique à cette théorie.» (3)
Or, de nombreuses recherches depuis des années ont déjà prouvé l’existence d’interactions et de voies réflexes : somato-somatiques, viscéro-viscérales, somato-viscérales, viscéro-somatiques.
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(2) Rapport du groupe de travail sur les médecines douces, septembre ’89, p. 23.
(3) Rapport du groupe de travail sur les médecines douces, septembre ’89, p. 21.
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Le Collège d’Études Ostéopathiques (C.E.O.)
Sans attendre l’approbation, d’aucune institution en place, les enseignants et administrateurs ont continué à intéresser à l’ostéopathie de nombreux praticiens venant de toutes les régions du Québec en vue de leur offrir une formation complète. Chaque année de cours se termine par une session de quatre jours de révision intensive, d’enseignement complémentaire à l’année en cours et d’examens théoriques et pratiques pour permettre à l’élève d’accéder à l’année suivante. Toutes les sessions de cours sont dirigées par M. Druelle, premier enseignant au collège ou par des professeurs invités de différents collèges européens et maintenant depuis trois ans par des professeurs québécois formés à ce collège, tous diplômés en ostéopathie (D.O.). Les étudiants des années supérieures sont invités à assister à tous les cours des années précédant leur niveau et se prêtent avec intérêt au rôle de moniteurs.
Les examens de fin d’année sont supervisés dès la 3e année par ces mêmes professeurs invités. Le C.E.O. satisfait ainsi aux normes établies par les différents collèges européens réunis en Fédération. Des professeurs de collèges américains, belges, français, anglais et néo-zélandais ont déjà participé au rôle d’examinateurs.
Et le C.E.O. organise à chaque fin d’année un symposium de cinq jours où participent des invités de toutes les provenances déjà mentionnées ci-dessus. Il s’agit du Symposium International d’Ostéopathie de Montréal où sont conviés les étudiants en ostéopathie, les physiothérapeutes et les médecins québécois qui veulent prendre contact avec l’ostéopathie, ainsi que les étrangers (étudiants en ostéopathie et D.O.).
Des journées cliniques sont également offertes aux étudiants après chaque session de cours. Chaque étudiant doit en plus faire un stage de deux jours ou plus par année au bureau d’un Ostéopathe gradué.
Ça bouge dans les réunions du conseil d’administration avec entre autres un Jean Guy impliqué à l’os et heureux d’avoir trouvé son chemin de Vie!
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